Retour sur le séminaire
“les ASPIM et la science”

 

En marge de la célébration de la Journée des Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne, la SPAMI Day 2024, le SPA/RAC, l’APAL et ses partenaires associatifs co-gestionnaires des trois ASPIM tunisiennes: MAN (co-gestionnaire de La Galite), ASPEN Cap Bon (co-gestionnaire de Zembra et Zembretta) et ACG (co-gestionnaire des îles Kneiss), se sont associés, lors d’un séminaire intitulé “les ASPIM et la science”, pour présenter les spécificités de ces aires marines exceptionnelles et les activités scientifiques menées dans le cadre de leur gestion.

Ce séminaire qui s’est tenu le 8 mai 2024, à Tunis, a réuni une vingtaine de chercheurs et étudiants dans le domaine marin, et a stimulé des échanges enthousiastes entre les acteurs de la gestion et ceux de la science sur les enjeux de la surveillance écologique et l’intérêt scientifique des ASPIM tunisiennes.

L’ASPIM de La Galite (nord-ouest tunisien)

Les gestionnaires de La Galite (APAL et MAN) ont présenté leurs activités de surveillance écologique des "espèces cibles", parmi lesquelles figure la posidonie. L’équipe a mis en place un dispositif de surveillance de la limite supérieure des herbiers dans la baie de La Galite, incluant un point de suivi conformément aux recommandations de l’IMAP de la Convention de Barcelone. De plus, elle a cartographié des zones peu profondes de la baie afin de compléter la carte de répartition des habitats benthiques.

L'équipe expérimente actuellement une nouvelle technique de capture des post-larves de poissons (dispositif CARE® Light Trap) qui permet d’identifier les espèces de poissons pour lesquelles l’ASPIM constitue une frayère.

La surveillance écologique à La Galite a permis entre autres de signaler plusieurs espèces marines méditerranéennes et invasives à affinité thermique chaude, indiquant des signes de méridionalisation et de tropicalisation de cette zone marine.

L’ASPIM de l’archipel de Zembra & Zembretta (nord-est tunisien)

L’équipe de gestion (APAL et ASPEN Cap Bon) ont présenté les opérations de suivi scientifique de deux espèces d'oiseaux pélagiques qui nichent dans l'archipel: Calonectris diomedea et Puffinus yelkouan.

Ces deux espèces de puffin sont toutes deux listées dans l'Annexe II du Protocole ASP/DB et font l'object de recommandations spécifiques dans le Plan d'action pour la conservation des oiseaux marins et côtiers en Méditerranée.

L’équipe de gestion a souligné l'importance capitale des îles Zembra et Zembretta pour ces deux espèces protégées. L'archipel abrite, en effet, la plus grande colonie de puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) en Méditerranée.

La colonie de l’espèce endémique de puffin yelkouan (Puffinus yelkouan) continue quant à elle à prospérer sur les îles depuis la dératisation de l’île de Zembretta, en 2009.

L'ASPIM des îles Kneiss (sud-est tunisien)

Les gestionnaires de Kneiss (APAL et ACG) ont présenté les activités de surveillance des oiseaux sur les îles Kneiss. L’observation des oiseaux a permis de recenser:

  • - 400 nids d’aigrettes garzettes (Egretta garzetta) sur l’île de la Bassila, en 2023, une densité jamais relevée par le passé ;
  • - 400 sternes voyageuses, en quelques jours à Kneiss, en parade nuptiale, avant la reprise de leur voyage vers leur site de reproduction en Libye ;
  • - un retour de la nidification du goéland railleur (Larus genei) sur l’île Kneiss, nidification non signalée depuis 1963 ;
  • - des nouveaux nicheurs comme la sterne naine et la sterne hansel.

Toutes ces observations encourageantes sont néanmoins ternies par les impacts des changements climatiques. A marée haute, la mer remonte à des niveaux jamais atteints auparavant, emportant avec elle les nids d’aigrettes et de goélands.

Recommandations générales

Durant les débats, il a été notamment recommandé d’encourager la collaboration entre les ASPIM et des partenaires externes surtout pour le suivi des espèces migratrices, comme les tortues et les oiseaux ; de mobiliser davantage de moyens pour le suivi scientifique, notamment pour le suivi des habitats dans les grandes profondeurs plus difficiles d’accès ; et de considérer plus d’espèces dans la surveillance.