Réserve Naturelle des Bouches de Bonifacio

Territoire :

La RNBB s'étend au long du littoral des communes de Monaccia d’Aullène, Pianottoli-Caldarellu, Figari, Bonifacio et Porto-Vecchio, ainsi que sur les secteurs terrestres des archipels des Moines, des Bruzzi, des Lavezzi et des Cerbicale, les étangs saumâtres de Ventilègne, Testarella et Pisciu Cane, les pointes de Bruzzi, les falaises de Bonifacio, ainsi que des îles et des îlots, auxquels s’ajoutent la Réserve Naturelle des Tre Padule de Suartone.

Caractéristiques physiques :

Le territoire abrite deux formations géologiques principales, un socle granitique mis en place avant la séparation du microcontinent corso-sarde, formant des massifs à l’origine de la plupart des îles et archipels, des dépôts calcaires tabulaires d’origine marine, formant les falaises de Bonifacio. La fréquence élevée des vents violents y favorise l’existence de forts courants et le mélange des masses d’eau tyrrhéniennes et algéro-provençales.

Spécificité et importance :

Parmi les habitats méditerranéens, on note sur ce territoire la présence de 26 biocénoses, faciès ou associations adoptés dans le cadre du P.A.M. La biodiversité y est particulièrement élevée :

• 766 végétaux recensés dont 2 phanérogames marines et 356 algues,
• Des plantes caractéristiques des mares temporaires,
• 973 espèces animales, dont 22 d’intérêt communautaire nécessitant la mise en place de protections strictes et 11 d’intérêt communautaire nécessitant la désignation de Zones Spéciales de Conservation,
• 74 oiseaux inscrits à la Directive « Oiseaux », parmi lesquelles 16 espèces nichant dans le périmètre et 41 inscrites à l’annexe I, notamment le Cormoran huppé et le Goéland d’Audouin qui bénéficient d’un plan d’action international,
• 64 espèces animales marines présentes sur le territoire sont protégées par des accords internationaux, dont 14 protégées au niveau national (Patella ferruginea, Pinna nobilis, Tursiops truncatus…), plusieurs espèces (Epinephelus marginatus, Hippocampus ramulosus, Palinurus elephas, Homarus gammarus, Maja squinado) bénéficiant de mesures de protection locales.

Parmi toutes ces espèces, 55 figurent aux annexes du protocole ASPIM, dont 39 (6 plantes marines et 33 animaux) à l'annexe II. Il convient de rappeler aussi que ce territoire fut jadis occupé par le phoque moine (Monachus monachus).

Menaces et pressions :

Le transport maritime (toutes activités confondues) s’effectue sous contrôle des sémaphores des marines française et italienne, dans le cadre des réglementations mises en place par l’Organisation Maritime Internationale (4 000 navires par an pour environ 80 000 tonnes de matières dangereuses). Caractérisée par une faible production et un emploi limité (moins de 100 emplois directs), la pêche artisanale aux petits métiers constitue une activité fragile mais encore importante au plan social. Les suivis scientifiques menés depuis plus de 20 ans indiquent que ses prélèvements restent stables mais rentables et que la ressource n'est pas menacée.

Hormis le risque de pollution lié au trafic maritime, les principales menaces sur les habitats et les espèces sont liées à la forte fréquentation touristique de cette zone : ancrage des bateaux de plaisance, piétinement des prairies et des dunes, pêche de plaisance, pêche sous-marine, et la forte fréquentation de certains sites de plongée.

Caractéristiques écologiques :

Les 17 habitats définis peuvent être déclinés en 47 habitats élémentaires, dont 33 sont considérés comme étant d'intérêt communautaire. Pour la faune, 33 espèces animales sont d'intérêt communautaire, 74 espèces sont inscrites à la directive oiseaux, 16 espèces d'oiseaux nichent dans le périmètre de la RNBB, une cinquantaine d'oiseaux migrateurs fréquentent la réserve. Parmi les espèces emblématiques on peut citer le Cormoran huppé de Desmaret et le Goéland d'Audouin qui bénéficient d'un plan d'action international. Pour le milieu marin, plusieurs espèces bien représentées sur le territoire de la réserve sont inscrites aux conventions de Berne et de Bonn, ainsi que du protocole de Barcelone. De nombreuses espèces animales et végétales sont protégées réglementairement ou figurent sur les listes rouges nationales. La plus emblématique d'entre elles est certainement le Silène velouté.

Gestion :

Office de l’Environnement de la Corse, la réserve naturelle des Bouches de Bonifacio, Jean Michel Culioli, culioli@oec.fr

Un plan de gestion a été établi pour la période 2007-2011 et a été validé par de nombreuses instances (Assemblée Territoriale de la Corse, Conseil Scientifique, Comité Consultatif …). Les objectifs de gestion sont clairement identifiés et fondés sur les principes de conservation, restauration ou maintien des potentialités écologiques ou des habitats d'intérêt patrimonial majeur. Les objectifs liés à la recherche relèvent des sciences de la conservation sont bien précisés. La réglementation de la réserve naturelle qui exclut la pratique de la pêche sous-marine et réglemente la pêche de plaisance sur 15 % du territoire, l’information diffusée à l’attention du public, l’adoption de chartes de comportement par les plongeurs ou les entreprises de transport de passagers, l'organisation des mouillages ou des accès les plus fréquentés limitent cependant les impacts de ces activités.

Position géographique :

La réserve naturelle des Bouches de Bonifacio est située au sud de la Corse (France).